Des isles fortunees et heureuses, la ou croissent les laictues, les choulx, et aultres herbes grandes a merveilles. Plus il y a des arbres ou croissent les doubles ducatz, nobles a la Roze, escus au soleil, et aultres pieces d’or, et de la monnoye. Chapitre. XXVI.

Les terres qui sont entre deux fleuves sont si fertilles que tout ce que y croist est excessivement

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grand, en sorte qu’il y a des laictues et des choulx si grandz que s’il y en avoit ung plante au milieu de Paris, il donneroit umbre a toute la ville, en sorte qu’on seroit a couvert dessoubz comme en my la grande salle du Palais, ou comme dedans l’eglise de nostre Dame de Parisl’eglise de nostre Dame de Parisnostre DameParis, vous povez bien croire que icelles isles ne sont pas nommees pour neant ny sans cause.

Les isles fortunees et heureuses, car il y a des choses fort merveilleuses et difficiles a croyre qui ne les auroit veues, et entre les aultres choses dignes de memoire, il y a de grandz arbres comme chesnes ou noyers qui portent ung fruict gros comme la teste d’ung asne, rouge par dehors comme granattes, le quel est tout plain de desirez, doubles ducatz, nobles a la rose, escus au soleil, et de toutes aultres espece d’or monnoye qui croissent dedans icelluy fruict, comme font les pepins dedans une granatte ou dedans une figue ou une courge.

Ledict fruict ne tumbe jamais de l’arbre jusques a ce qu’il soit meur, il y en a aulcunesfoys de vereux qui ne sont pas de fin or, comme vous voyez les philippus, les florins, et les aultres pieces de bas or.

Il estoit environ la my aoust quant nous arrivasmes par dela qui est la saison que le fruict est

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meur par quoy nous fismes monter l’ung de noz gens dessus l’ung des plus grandz arbres qui y fust pour le crouler et hocher lequel le scouet si fort qu’il en tumba de si gros et en si grande habundance qu’ilz tuerent plusieurs de mes gens tant estoient pesans et plains de pieces d’or, car ilz estoient trop curieux et trop couvoiteux de recueullir d’iceluy fruict. Les habitans du pays n’en tiennent non plus de conte que font les pourceaulx par deca de poires molles. Quant ilz cheent de l’arbre sur la terre, ilz se escachent et ouvrent par pieces comme font les figues quant elles sont fort meures, ou comme font les poyres molles soubz les poyriers ou figuiers.

Nous les perceasmes du bout de noz espees et pougnardz, et les cousismes a noz jacquettes et a noz hallecretz et hocquetons, plus pres l’ung de l’aultre et plus drus que escaille de poisson, par quoy il sembloit qu’ilz eussent cru sur noz habilemens, Je vous promectz que sans point de verite que nous y encousismes tant que nous ne les povions soubstenir ny porter.

Je vouldroye que ung tas d’avaritieux et usuriers publicques fussent par dela pour les recueullir et qu’il leur en fust cheut de si gros sur la teste qu’ilz les eussent assommez comme porceaulx, affin qu’ilz fussent rassasiez.

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Et pareillement ung tas de meschantz gens insaciables qui n’aroient pas assez de tout l’avoir et de tout l’argent du monde. Et neantmoins n’emporteront que ung drap ou une corde et chesne de fer.

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