Pseudo-Rabelais, Le Disciple de Pantagruel (1538)
Le Disciple de Pantagruel (ou Les Navigations de Panurge), anonyme, n’est pas de Rabelais, mais mérite de figurer dans un ensemble de textes para-rabelaisiens qui montrent le succès précoce de la geste pantagruéline.
L’édition proposée par les Bibliothèques Virtuelles Humanistes suit le texte de l’exemplaire unique conservé à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (Les. 697) et non celui de la Bibliothèque Municipale de Besançon (Rés. 268744, numérisé), autre unicum dont la datation n’a pas encore fait l’unanimité : vers 1540 selon la notice de cette bibliothèque, d’après l’édition critique de G. Demerson et C. Lauvergnat-Gagnière 1982, p. LXIV et LXXVI.
À l’aide de l’exemplaire de la Bibliothèque nationale de France d’une autre édition de 1538 (Paris, Denis Janot, Rés. Y2 2136, Gallica) et d’un exemplaire d’une édition de 1545 conservée à la Bayerische Staatsbibliothek de Munich (Paris, Jeanne de Marnef [veuve de Denis Janot], Path. 1053#2, Google Books), nous avons balisé la correction d’un texte souvent fautif. L’attribution à Rabelais semble définitivement écartée par les chercheurs : au contraire, dans le Tiers Livre (1546) et le Quart Livre (1548-52), où il lui fait quelques emprunts, Rabelais a pu répliquer à ce qui apparaîtra au lecteur comme une compilation hâtive de sources folkloriques éparses, et qui lui avait été faussement attribué. Loin de tenir un propos cohérent, l’auteur (Jean d’Abondance, de Pont-Saint-Esprit, ou quelque association éditoriale), remanie les mythologies gigantales, les pays de Cocagne, les voyages fabuleux à la manière de Lucien et des propos satiriques sans grande portée. Amusant par son parti-pris de fiction impossible se réclamant de la plus grande vérité, ce texte a été souvent réédité dans ses multiples variantes.
Marie-Luce Demonet, juillet 2015