Comme Panurge fist faire la monstre, de ces gens pour scavoir s’il en avoit beaucoup perdu, et comme il arriva au pays des lanternes, et d’ung festin ou banquet triumphant que fit la royne des lanternes. Chapitre. XIIII.
Voyant les perilz et dangiers desquelz nous estions eschappez, je fis sortir tous mes gens de mon navire pour ce qu’il me sembloit que nous estions a seurete, et leur fist faire la monstre pour scavoir si aulcuns avoient point este mis a mort et devores par icelles andouilles come elles ont faict aultre foys d’aultres quant elles ont este les maistresses par quoy je vous conseille que si vous y allez que
Puis tirasmes oultre et tant exploitasmes nuict et jour que nous arrivasmes en lanternoys, qui est le pays auquel les lanternes habitent, du quel Lucian faict mention en son livre des vrayes narrations.
Or estoit il environ la my may au jour propre que la Royne faisoit la grand feste et solennite de son natal, a ceste cause nous fusmes invitez et semondz au festin et banquet, qui fut si triumphant et si manificque que je ne vous en ause pas bonnement descripre la pure verite, de peur que j’ay d’en mentir, car a celluy jour estoient la assemblees toutes les lanternes du monde, comme vous pourries dire les cordeliers en leur chapitre general, pour traicter des negoces et affaires desdictes lanternes et de leur royaulme, elles furent toutes en procession en bel ordre, deux a deux, chantant si melodieusement qu’il n’est possible de jamais ouyr plus doulce harmonie.
Les unes jouoyent de haultz boys, les aultres
Elles marcherent toutes en tel ordre jusques a ce qu’elles fussent toutes entrees dedans la grande salle du Palays de la Royne la ou les tables estoient dressees et preparees pour le festin et banquet.
Et apres qu’elles furent toutes entrees, nous entrasmes par commandement en ladicte salle.
Lors la royne nous feit dire par nostre truchement lequel parloit bon lanternoys que nous n’eussions aulcune craincte, et lors que nous fusmes tous entres, les portes furent fermees, puis fut baille a laver a la royne, puis a chascune en son ordre, selon la dignite, et a nous aussi pareillement.
La royne fut assise en ung hault trosne, eleve en une chaire couverte de drap d’or, la coronne sur la teste, ung ciel de satin cramoysi, broche de fin or de cipre, enrichy de fines pierres precieuses comme
Icelle royne povoit veoir de son trosne tous ceulx et celles qui estoient en la sale, en la quelle avoit a travers une aultre grande table de marbre en la quelle estoient assises les dames du sang et les plus prochaines parentes de la royne chascune en son ordre, selon son degre et qualite, lesquelles il faisoit mou bon veoir, la royne et les dames du sang avoient toutes leurs robbes de fin voirre clair et resplendissant a grandes bandes de plomb.
Les aultres avoient robbes de fines cornes, bandees de boys, uny et rabotte, les aulcunes les avoient bandees de fer blanc, et les aultres avoient robbes de vessies de porc
Quant elles furent toutes assises selon leurs dignitez on leur apporta a chascune pour entree de table la belle grosse chandelle de mouton aussi blanche comme belle neige, celle de la royne estoit plus grosse que nulle des aultres.
Elles furent toutes alumees, et lors rendirent si grande clarte et lumiere qu’il sembloit que l’on fust en plain midy, la royne fut servie la premiere de goabins, qui est une viande fort exquise au pays des lanternois, car je n’en vis jamais alieurs.
Les aultres dames du sang pareillement, les aultres furent servies de bourboufles qui ne sont pas si cheres ne si fortes a trouver que les goabins.
Elles eurent des nudrilles boullies en eaue froide, de peur qu’elles ne sentissent la fumee, et puis apres des hannicroches rosties avec charbon de glace, de peur qu’elles ne leur brulassent les dens.
Et en apres elles furent servies de tricquedondaines frites, et cela desservi, on leur apporta des patez de agobilles, lardees de farouare lequel est fort cher, car il n’en croist guere en France,
Elles eurent aussi force mynehardes pouldrees de gringuenauldes fines, et pour la quarte assiete, elles eurent des halledosses aux grumelins, avec les dadiffles chauldes, puis les marouffles et les croquignolles, puis furent aportes les barbotins et firelimouzes, et les barbelouffes succrez de poyx raisine fresche.
Réel
Hypothétique
Fictif
Mythique
|
||||
Région, contrée
Ville, village
Bâtiment
Étendue, cours d'eau
Montagne, île, ...
Autre
|
||||
|
|
|