Comme Panurge fist crier a son de trompe/ affin d’amasser gens pour venir a son service. Chapitre. II.
Quant je vy que mon navire fut tout prest et tout frete, lequel estoit grand a merveilles, et non pas si grand du tout que celuy que le Roy faict faire au havre de grace je fis publier a son de trompe que s’il y avoit aulcuns gentilz compaignons gens de faict qui me voulsissent venir servir que je leur donneroye si bons gaiges qu’ilz se tiendroient pour contentz, incontinent le cry et la
Et croyez qu’en tous les cinq cens n’y avoit homme qui eust aureille en teste non plus qu’au fons de la main non pas comme ilz disoient qu’ilz les eussent perdues pour vertu qui feust en eulx Mais a cause qu’ilz s’estoient trouvez comme ilz maintenoient ung jour qui passa par la mer en
Au regard de moy grace a Dieu j’en ay encor pres de la moytie d’une qui m’est ung gros et merveilleux honneur car il appert par la que j’en ay eu aultre foys et que dieu m’a faict et forme homme parfaict comme les aultres et non pas sans aureilles, il est bien vray que ce que j’en ay perdu je l’ay perdu a quatre diverses foys.
Car quand je perdi la moytie de la gauche ce fut pource que j’estoye trop songneux de moy lever au matin pour aler ouyr les matines et la premiere messe qui se chantoit en l’eglise.
La seconde foys que je fus reprins et que je perdy l’aultre moytie fut a cause que j’estoye trop friand de sermons et que j’estoye tousjours devant la chaire du predicateur, de quoy chascun me blasmoit fort.
La tierce foys que je perdy la moytie de l’aureille dextre, fut pource que j’aloye trop souvent a confesse et que je y estoie trop embatant dont je fus lourdement reprins et redargue par messieurs noz maistres comme ilz ont acoustume de faire en telz cas.
La quatriesme foys que je perdi le bout de la demie aureille dextre fut a cause que le jour du vendredi de la saincte sepmaine en alant adorer la vraye Croix en la saincte chapelle a Paris je mis en la bource d’ung marchant qui ne me debvoit rien dix escus d’or lesquelz je ne voulu pas reprendre quant il les me voulut rebailler, de quoy les gens se aperceurent dont je fuz fort blasme.
Je croy bien que si j’eusse este prebstre et que j’eusse confesse verite qu’il ne m’en feust demoure non plus qu’a mes compaignons, mais graces a dieu je reschappay et fust quitte pour le bout que j’ay encor comme il appert vela les causes et raisons pour les quelles j’ay este ainsi acoustre, je le vous dis affin que vous vous donnez
Réel
Hypothétique
Fictif
Mythique
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Région, contrée
Ville, village
Bâtiment
Étendue, cours d'eau
Montagne, île, ...
Autre
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