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Le Prologue de L’auteur.
Apres que j’ay long temps differe d’escripre les grandes et admirables merveilles que j’ay veues et congneues en plusieurs et diverses contrees et regions tant par mer que par terre je me suys deslibere de composer ung petit traicter faisant mention d’ycelles, contenant aulcune verite. Laquelle je suys delibere d’ensuyvyr, mais non pas de si pres que je luy marche sur les talons, de sorte que luy fisse rompre les courroyes, et les brides de ses Pantouffles, au moyen de quoy je soye contrainct de les luy refaire avec mes aguilletes, car je n’en ay pas trop, Toutesfoys mon intention est de la suyvre ung petit a gauche sans la perdre de veue, si dadventure je ne
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tumboye en ung fosse en la suyvant, et que je me rompisse une jambe au moyen de quoy je fusse contrainct de la suyvre a quatre pattes, ou avec des potences ou guynettes, comme ce vray prophete Ragot, car mon intention est de ne point eslongner d’elle pour chose que je escripve, comme chascun pourra veoir a l’oeuil s’il n’est aveugle, pour ce que je suys et veul estre son principal tresorier et la servir leaulment comme il appartient a ung bon et leal serviteur sans rien prendre ny desrober du sien furtivement et malicieusement, au moyen de quoy elle n’aura cause de soy plaindre de moy, ny de moy faire constituer prisonnier. Davantaige je ne suys pas delibere de approcher si pres d’elle que je accroche ma robe a la sienne, comme font les moutons aux ronces, aux espines, ou aux groseliers quant ilz se approchent trop pres des hayes, et de peur aussi que je ne luy enfarine sa robe comme font les muniers celles des dames de Paris, quant ilz passent au pres d’elles.