¶Comment Grantgousier congneut l’esperit merveilleux de Gargantua a l’invention d’un torchecul. Chap. xii.

Sus la fin de la quinte annee Grantgousier retournant de la defaicte des Canarriens visita son filz Gargantua. La feut resjouy, comme un tel pere povoit estre voyant un sien tel enfant. Et le baisant et accollant l’interrogeoyt de petitz propos pueriles en diverses sortes. Et beut d’autant avecques luy et ses gouvernantes: esquelles par grand soing demandoit entre aultres cas, si elles l’avoyent tenu blanc et nect? A ce Gargantua feist responce, qu’il y avoit donne tel ordre, qu’en tout le pays n’estoyt guarson plus nect que luy. Comment cela? (dist Grantgousier.) J’ay (respondit Gargantua) par longue et curieuse experience invente un moyen de me torcher le cul, le plus royal, le plus seigneurial/ le plus

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excellent, le plus expedient, que jamais feut veu. Quel? dist Grantgouzier. Comme vous le raconteray (dist Gargantua) presentement. Je me torchay une foys d’un cachelet de velours de voz damoiselles: et le trouvay bon: car la mollice de la soye me causoyt au fondement une volupte bien grande. une aultre foys d’un chapron d’ycelles, et feut de mesmes. Une aultre foys d’un cachecoul, une aultre foys des aureilles de satin cramoysi: mais la doreure d’un tas de spheres de merde qui y estoyent, m’escorcherent tout le darriere, que le feu sainct Antoyne arde le boyau cullier de l’orfebvre qui les feist: et de la damoiselle, qui les portoyt. Ce mal passa me torchant d’un bonnet de paige bien emplume a la Souice. Puis fiantant darriere un buisson, trouvay un chat de Mars. D’icelluy me torchay, mais ses gryphes me exulcererent tout le perinee. De ce me gueryz au lendemain me torchant des guands de ma mere bien parfumez de maujoin. Puis me torchay de Saulge/ de Fenoil/ de Aneth/ de Marjolaine / de roses/ de fueilles de Courles / de Choulx/ de Bettes/ de Pampre/ de Guymaulves/ de Verbasce (qui est escarlatte de cul) de Lactues/ de fueilles de Espinards. Le tout me feist grand bien a ma jambe: de Mercuriale, de Persiguiere, de Orties, de Consoulde: mais j’en eu la cacquesangue de Lombard.
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Dont feu guary me torchant de ma braguette. Puis me torchay aux linceux/ a la couverture/ aux rideaux/ d’un coissin/ d’un tapiz/ d’un verd/ d’une mappe/ d’un couvrechief/ d’un mouschenez/ d’un peignouoir. En tout je trouvay de plaisir plus que ne ont les roigneux quant on les estrille. Voyre mais (dist Grantgousier) lequel torchecul trouvas tu meilleur? Je y estoys (dist Gargantua) et bien tout en scaurez le tu autem. Je me torchay de foin/ de paille/ de bauduffe/ de bourre/ de laine/ de papier: Mais Tousjours laisse aux couillons esmorche: Qui son hord cul de papier torche. Quoy? dist Grantgousier, mon petit couillon, as tu prins au pot? veu que tu rime desja. Ouy dea (respondit Gargantua ) mon roy, je rime tant et plus: et en rimant souvent m’enrime. Escoutez que dict nostre retraict aux fianteurs.

Chiart Foirart Petart Brenous, Ton lard Chapart S’espart Sus nous. Hordous Merdous Esgous Le feu de sainct Antoine te ard:

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Sy tous Tes trous Esclous Tu ne torche avant ton depart. En voulez vous dadventaige? Ouy dea, dist Grantgousier. Adoncq dist Gargantua.




En chiant l’aultre hyer senty
La guabelle que a mon cul doibs,
L’odeur feut aultre que cuydois:
J’en feuz du tout empuanty.

O si quelq’un eust consenty
M’amener une que attendoys.
En chiant.

Car je luy eusse assimenty
Son trou d’urine/ a mon lourdoys.
Ce pendant eust avecq ses doigtz
Mon trou de merde guarenty.
En chiant.

Or dictez maintenant que je n’y scay rien. Par la mer de je ne les ay faict mie, Mais les oyant reciter a dame grand que voyez cy, les ay retenu en la gibbessiere de ma memoyre. Retournons (dist Grantgousier) a nostre propos. Quel? (dist Gargantua.) Chier? Non, dist Grantgosier. Mais torcher le cul. Mais (dist Gargantua) voulez vous payer un bussart de vin Breton, si je vous foys quinault en ce propos? Ouy vrayement, dist Grantgousier. Il n’est, dist Gargantua, poinct besoing de torcher le cul, sinon qu’il y ayt ordure. Ordure n’y peut estre, si on

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n’a chie: Chier doncques nous fault davant que le cul torcher. O (dist Grantgouzier) que tu as bon sens petit guarsonnet. Ces premiers jours je te feray passer docteur en Sorbone par dieu, car tu as de raison plus que d’aage. Or poursuyz ce propos torcheculatif, je t’en prie. Et par ma barbe pour un bussart tu auras soixante pippes J’entends de ce bon vin breton, lequel poinct ne croist en Bretaigne, mais en ce bon pays de Verron. Je me torchay apres (dist Gargantua) d’un couvrechief, d’un aureiller, d’une pan toufle, d’une gibbessiere, d’un panier. Mais o, le malplaisant torchecul. Puis d’un chappeau. et notez que des chappeaux les uns sont ras, les aultres a poil, les aultres velouttez, les aultres taffetassez, les aultres satinizez. Le meilleur de tous est celluy de poil. Car il faict tres bonne abstersion de la matiere fecale. Puis me torchay d’une poulle, d’un coq, d’un poulet, de la peau d’un veau, d’un lievre, d’un pigeon, d’un cormaran, d’un sac d’advocat, d’une barbute, d’une coyphe, d’un leurre, Mais concluent je dys et mantiens, qu’il n’y a tel torchecul que d’un oyzon bien dumete, pourveu qu’on luy tieigne la teste entre les jambes. Et m’en croyez suz mon honeur. Car vous sentez au trou du cul une volupte mirificque, tant par la doulceur d’icelluy dumet, que par la chaleur temperee de l’oizon, laquelle facillement
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est communicquee au boyau cullier et aultres intestines, jusques a venir a la region du cueur et du cerveau. Et ne pensez poinct que la beatitude des Heroes et semidieux qui sont par les champs Elysiens soit en leur Asphodele ou Ambrosie ou Nectar, comme disent ces vieil les ycy. Elle est selon mon opinion en ce qu’ilz se torchent le cul d’un oyzon.

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