¶Comment un moyne de Seuille saulva le cloz de l’abbaye du sac des ennemys. Chap. xxv.
Tant feirent et tracasserent en pillant et larronnant, qu’ilz arriverent a Seuille : et detrousserent hommes et femmes, et prindrent ce qu’ilz peurent: rien ne leurs feut ny trop chaud ny trop pesant. Combien que la peste y feust par la plus grande part des maisons, ilz entroient par tout, et ravissoient tout ce qu’estoyt dedans, et jamais nul n’en print dangier. Qui est cas assez merveilleux. Car les curez vicaires, prescheurs, medicins, chirurgiens et apothecaires, qui alloient visiter penser, guerir, prescher, et admonester les malades, estoient tous mors de l’infection et ces diables pilleurs et meurtriers oncques n’y prindrent mal. Dont vient cela
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messieurs? pensez y je vous pry. Le bourg ainsi pille, se transporterent en l’abbaye avecques horrible tumulte, mays la trouverent bien reserree et fermee: dont l’armee principale marcha oultre vers le gue de Vede, exceptez sept enseignes de gens de pied et deux cens lances qui la resterent et rompirent les murailles du cloux affin de guaster toute la vendange. Les pouvres diables de moynes ne scavoient auquel de leurs saincts se vouer/ a toutes adventures feirent sonner ad capitulum capitulantes: la feut decrete qu’ilz feroient une belle procession, renforcee de beaux prechans et letanies contra hostium insidias, et beaux responds pro pace. En l’abbaye estoyt pour lors un moyne claustrier nomme frere Jan des entommeures, jeune, guallant, frisque, dehayt, bien a dextre, hardy, adventureux delibere, hault, maigre, bien fendu de geule, bien advantage en nez, beau depescheur d’heures beau debrideur de messes, pour tout dire, un vray moyne si oncques en feut depuys que le monde moyna. Icelluy entendent le bruyt que faisoyent les ennemys par le clous de leur vigne, sortit hors pour veoir ce qu’ilz faisoient. Et advisant qu’ilz vendangeoient leur clous, on quel estoyt leur boyte de tout l’an fondee, s’en retourne au cueur de l’eglise ou estoient les aultres moynes tous estonnez comme fondeurs de cloches, lesquelz voyant chanter, Im. im. Page [95]
im/pe/e/e/e/e/e/tum/um/in/i/ni/i/mi/co/o/ o/o/o/o/rum/um./ C’est, dist il, bien chien chante. Vertus dieu, que ne chantez vous A dieu paniers, vendanges sont faictez? Je me donne au diable, s’ilz ne sont en nostre clous, et tant bien couppent et seps et raisins, qu’il n’y aura par le corps dieu de quatre annees que halleboter dedans. Ventre sainct Jacques que boyrons nous cependent, nous aultres pauvres diables? Seigneur dieu da mihi potum. Lors dist le prieur claustral. Que fera cest hyvroigne ycy? Qu’on me le mene en prison, troubler ainsi le service divin? Mays, dist le moine, le service du vin faisons tant qu’il ne soyt trouble, car vous mesmes monsieur le prieur, aymez boyre du meilleur, sy faict tout homme de bien, Jamays homme noble ne hayst le bon vin. Mais ces responds que chantez ycy ne sont par dieu pas de saison. Pourquoy sont nos heures en temps de moissons et de vendanges courtes, et en L’advent et tout l’hyver tant longues? Feu de bonne memoyre frere Mace Pelosse, vray zelateur, ou je me donne au diable, de nostre religion, me dist, il m’en soubvient, que la raison estoyt, affin qu’en ceste saison nous facions bien serrer et fayre le vin et qu’en hyver nous le humons. Escoutez messieurs vous aultres: qui ayme le vin le cor dieu sy me suyve. Car hardiment que sainct Antoine me arde sy ceulx tastent Page [96]
du pyot, qui n’auront secouru la vigne Ventre dieu, les biens de l’eglise? ha non non. Diable sainct Thomas l’angloys voulut bien pour yceux mourir, si je y mouroys ne seroys je pas sainct de mesmes? Je n’y mourray ja pourtant, car c’est moy qui le foys es aultres. Ce disant mist bas son grand habit, et se saisit du baston de la croix, qui estoyt de cueur de cormier long comme une lance, rond a plain poing et quelque peu seme de fleurs de lys toutes presque effacees. Ainsi sortit en beau sayon et mist son froc en escharpe. Et de son baston de la croix donna sy brusquement sus les ennemys qui sans ordre ny enseigne, ny trompette, ny taborin par my le clous vendangoient: Car les porteguydons et portenseignes avoient mys leurs guidons et enseignes l’oree des murs, les tabourineurs avoient defoncez leurs tabourins d’un couste, pour les emplir de raisins, les trompettes estoient chargez de moussines, chascun estoyt desraye, Il chocqua doncques si roydement sus eulx sans dyre guare, qu’il les renversoyt comme porcs frapant a tors et a travers a la vieille escrime, es uns escarbouilloyt la cervelle, es aultres rompoyt bras et jambes, es aultres deslochoyt les spondyles du coul, es aultres demoulloyt les reins, avalloyt le nez, poschoyt les yeulx, fendoyt les mandibules, enfoncoyt les dens en la gueule, descroulloyt les Page [97]
omoplates, sphaceloyt les greves, desgondoit les ischies/ debezilloit les faucilles. Si quelq’un se vouloyt cascher entre les seps plus espes, a icelluy freussoit toute l’areste du doux: et l’esrenoit come un chien. Si aulcun saulver se vouloyt en fuyant, a ycelluy faisoyt voler la teste en pieces par la commissure lambdoide. Sy quelq’un gravoyt en une arbre pensant y estre en seurete, ycelluy de son baston empaloyt par le fondement. Si quelq’un de sa vieille congnoissance luy crioyt. Ha frere Jean mon amy, frere Jean je me rend. Il t’est (disoit il) bien force. Mays ensemble tu rendras l’ame a tous les diables. Et soubdain luy donnoit dronos. Et si persone tant feust esprins de temerite qu’il luy voulust resister en face, la monstroyt il la force de ses muscles. Car il leurs transpercoyt la poictrine par le mediastine et par le cueur a d’aultres donnant suz la faulte des coustes, leurs subvertissoyt l’estomach, et mouroient soubdainement, es aultres tant fierement frappoyt par le nombril. qu’il leurs faisoyt sortir les tripes, es aultres parmy les couillons persoyt le boiau cullier. Croiez que c’estoit le plus horrible spectacle qu’on veit oncques, les uns cryoient saincte Barbe, les aultres sainct Georges, les aultres saincte Nytouche, les aultres nostre Dame de Cunault, de Laurette, de bonnes nouvelles / de la le nou / de riviere. Les uns se vouoyent Page [98]
a sainct Jacques, les aultres au sainct Suaire de Chambery, mays il brusla troys moys apres si bien qu’on n’en peut salver un seul brin. Les aultres a Cadouyn, Les aultres a sainct Jean d’angely. Les aultres a sainct Eutrope de Xainctes, a sainct Mesmes de Chinon, a sainct Martin de Candes, a sainct Clouaud de Sinays : es reliques de Javrezay : et mille aultres bons petits sainctz Les uns mouroient sans parler, les aultres cryoient a haulte voix. Confession. Confession. Confiteor. Miserere. In manus. Tant fut grand le crys des navrez que le prieur de l’abbaye avecques tous ses moines sortirent, Lesquelz quand apperceurent ces pauvres gens ainsi ruez par my la vigne et blessez a mort en confesserent quelques uns. Mays ce pendent que les prestres se amusoient a confesser: les petitz moinetons coururent au lieu ou estoyt frere Jean, luy demanderent en quoy il vouloyt qu’ilz luy aydassent, A quoy respondit, qu’ilz esguorgetassent ceulx qui estoient portez par terre. Adoncques laissans leurs grandes cappes sus une treille au plus pres, commencerent d’esguorgeter/ et achever ceulx qu’il avoit desja meurtryz. Scavez vous de quelz ferremens? A beaux gouetz, qui sont petitz demy cousteaux dont les petitz enfans de nostre pays cernent les noix Puys a tout son baston de croix, guaingna Page [99]
la breche qu’avoient faict les ennemys. Aulcuns des moinetons emporterent les enseignes et guydons en leurs chambres pour en faire des jartiers. Mays quand ceulx qui s’estoient confessez vouleurent sortir par ycelle bresche, Le moyne les assomoyt de coups, disant ceulx cy sont confes et repentans. et ont guaigne les pardons: ilz s’en vont en Paradis aussy droict comme une faucille, et comme est le chemin de Faye. Ainsi par sa prouesse feurent desconfiz tous ceulx de l’armee qui estoient entrez dedans le clous jusques au nombre de treze mille six cens vingt et deux, Jamays Maugis hermite ne se porta sy vaillamment a tout son bourdon contre les Sarrasins des quelz est escript es gestes des quatre filz Haymon, comme feist le moyne a l’encontre des ennemys avecq le baston de la croix.
Real
Hypothetical
Fictional
Mythical
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Region, area
Town, village
Building
Water (lakes, rivers, etc.)
mountains, islands, ...
Other
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