Comment Pantagruel et Panurge diversement exposent les vers de la Sibylle de Panzoust. Chapitre XVIII.
Les feueilles recuillies, retournerent Epistemon et Panurge en la court de Pantagruel, part joyeulx, part faschez. Joyeulx pour le retour: faschez pour le travail du chemin, lequel
Vous entendez autant (respondit Panurge) en exposition de ces recentes propheties, comme faict Truye en espices. Ne vous desplaise si je le diz. Car je me sens un peu fasché. Le contraire est veritable. Prenez bien mes motz. La vieille dict. Ainsi comme la febve n’est veue se elle ne est esgoussée, aussi ma vertus et ma perfection jamais ne seroit mise en renom, si marié je n’estoys. Quantes
Le second dict. Ma femme engroissera, (entendez icy la prime felicité de mariage) mais non de moy. Cor Bieu je le croy. Ce sera d’un beau petit enfantelet qu’elle sera grosse. Je l’ayme desja tout plein, et ja en suys tout assoty. Ce sera mon petit bedault. Fascherie du monde tant grande et vehemente n’entrera desormais a mon esprit, que je ne passe, seulement le voyant et le oyant jargonner en son jargonnoys pueril. Et benoiste soit la vieille. Je luy veulx vraybis constituer en Salmigondinois quelque bonne rente, non courante
Le tiers dict. Ma femme me sugsera le bon bout. Je m’y dispose. Vous entendez assez que c’est le baston a un bout, qui me pend entre les jambes. Je vous jure et promectz que tousjours le maintiendray succullent et bien avitaillé. Elle ne me le sugsera poinct en vain. Eternellement y sera le petit picotin ou mieulx. Vous exposez allegoricquement ce lieu, et le interpretez a larrecin et furt. Je loue l’exposition, l’allegorie me plaist, mais non a vostre sens. Peut estre que l’affection syncere que me portez,
Le quart dict. Ma femme me l’escorchera, mais non tout. O le beau mot. Vous l’interpretez a batterie et meurtrissure. C’est bien a propous truelle, Dieu te guard de mal masson. Je vous supply, levez un peu vos espritz de terriene pensée en contemplation haultaine des merveilles de Nature: et icy condemnez vous, vous mesmes pour les erreurs qu’avez commis perversement exposant les dictz propheticques de la Dive Sibylle. Posé, mais non admis ne concedé le cas, que ma femme par l’instigation de l’ennemy d’enfer voulust et entreprint me faire un maulvais tour, me diffamer, me faire coqu jusqu’au cul, me desrober et oultrager: encores ne viendra elle a fin de son vouloir et entreprinse.
La raison qui a ce me meut, est en ce poinct dernier fondée, et est extraicte du fond de Pantheologie monasticque. Frere Artus Culletant me l’a aultres foys dict,
Les femmes au commencement du monde, ou peu apres, ensemblement conspirerent escorcher les homes tous vifz, parce que sus elles maistriser vouloient en tous lieux. Et feut cestuy decret promis, confermé, et juré entre elles par le sainct sang breguoy. Mais ô vaines entreprinses des femmes, ô grande fragilité du sexe feminin. Elle commencerent escorcher l’home, ou gluber, comme le nomme Catulle, par la partie qui plus leurs hayte, c’est le membre neurveulx, caverneulx, plus de six mille ans a, et toutesfoys jusques a praesent n’en ont escorché que la teste. Dont par fin despit les Juifz eulx mesmes en circuncision se le couppent et retaillent, mieulx aymans estre dictz recutitz et retaillatz marranes, que escorchez par femmes, comme les aultres nations. Ma femme non degenerante de ceste commune entreprinse, me l’escorchera, s’il ne l’est. Je y consens de franc vouloir, mais non tout: je vous en asceure mon bon Roy.
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