La Sciomachie (1549)
Cette relation plus ou moins fictive d’une vraie fête princière diffère sensiblement des romans rabelaisiens.
L’édition numérique de cette « sciomachie », terme savant que Rabelais traduit du grec par « simulacre de bataille », a été établie à partir de l’édition unique de 1549 (Lyon, Sébastien Gryphe) d’après l’exemplaire de la Bayerische Staatsbibliothek de Munich (Ital. 448, Google Books), qui montre deux R majuscules, et sur l’exemplaire de la Bibliothèque Municipale de Tours (Fonds Marcel Rés. 3542, ex libris d’Anatole France). Cet exemplaire, distinct par deux légères différences graphiques corrigées sur l’exemplaire de Munich, serait antérieur à ce dernier. Apparaît au crayon et d’une écriture moderne le nom du deuxième fils du roi, Louis, dont la naissance est célébrée dans le texte, nom laissé en blanc par l’imprimeur.
Rabelais offre, sous la forme d’une prétendue lettre au cardinal de Guise, le récit d’une fête donnée à Rome pour cet événement en mars 1549 (Louis d’Orléans mourra en octobre), et à laquelle il a dû assister, même si la manipulation du témoignage est probable. Très inspiré par l’entrée de Henri II à Lyon en 1548, mais aussi par les diableries des mystères avec ses feux d’artifice, il a été précédé de deux versions en français d’un premier récit italien publié la même année par Antonio Buonaccorsi, source de Rabelais. Ce récit est marqué par de nombreux italianismes (voir la notice de François Moreau dans Rabelais, Œuvres, Pléiade, 1994, p. 1725-1726, et R. Cooper, Rabelais et l’Italie, 1991, p. 70-71).
Marie-Luce Demonet, juillet 2015