Comment le moyne feist dormir Gargantua, et de ses heures et breviaire. Chapitre. xxxxj.
Le souper acheve consulterent sus l'affaire instant et feut conclud que environ la minuict ilz sortiroient a l'escarmouche pour scavoir quel guet et diligence faisoient leurs ennemys. En cependent qu'il se reposeroient quelque peu pour estre plus frais. Mais Gargantua
L'invention pleut tresbien a Gargantua
Et commenceant le premier pseaulme sus le poinct de Beati quorum, s'endormirent et l'un et l'aultre. Mais le moyne faillit oncques a s'esveiller avant la minuict, tant il estoit habitue a l'heure des matines claustralles. Luy esveille tous les aultres esveilla, chantant a pleine voix la chanson. Ho regnault reveille toy veille, O Regnault reveille toy. Quand tous furent esveillez, il dict. Messieurs l'on dict, que matines commencent par tousser et souper, par boyre. Faisons au rebours commencons maintenant noz matines, par boyre, et de soir a l'entree de souper nous tousserons a qui mieulx mieulx. Dont dist
C'est dist le moyne bien mediciné.
Cent diables me saultent au corps s'il n'y a plus de vieulx hyvrognes, qu'il n'y a de vieulx medicins. J'ay compose avecques mon appetit en telle paction, que tousjours il se couche avecques moy et a cela je donne bon ordre le jour durant aussy avecques moy il se lieve. Rendez tant que vouldrez voz cures, je m'en voys apres mon tyrouer. Quel tyrouer (dist Gargantua) entendez vous? Mon breviaire, dist le Moyne. Car tout ainsi que les faulconniers davant que paistre leurs oyseaux les font tyrer quelque pied de poulle, pour leurs purger le cerveau des phlegmes, et pour les mettre en appetit, ainsi prenant ce joyeux petit breviaire au matin, je m'escure tout le poulmon, et voy me la prest a boyre.
A quel usaige (dist Gargantua) dictez
Brevis oratio penetrat celos, longua potatio evacuat cyphos.
Ou est escript cela? Par ma foy (dist Ponocrates) je ne scay mon petit couillaust, mais tu vaulx trop. En cela (dist le Moyne) je vous ressemble. Mais Venite apotemus. L'on apresta carbonnades a force et belles souppes de primes, et beut le moyne a son plaisir.
Aulcuns luy tindrent compaignie, les aultres s'en deporterent. Apres chascun commenca soy armer et accoustrer. Et armerent le moyne contre son vouloir, car il ne vouloit aultres armes que son froc davant son estomach, et le baston de la croix en son poing. Toutesfoys
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Hypothétique
Fictif
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