Le voyage de Tours (1555)
Le poème du « Voyage de Tours » (1555) est présenté ici d’après l’édition de 1623 des Œuvres de Ronsard, conservées au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance (Université de Tours), et transcrit dans son orthographe d’origine et proposé également en orthographe modernisée.
D’inspiration bucolique, d’un lyrisme léger qui imite l’églogue antique, il offre le récit charmant d’un itinéraire (peut-être réel) allant du Loir à la Loire, magnifié par les cours d’eau qui se prêtent au travestissement mythologique et à la rêverie érotique. Ronsard y déploie un art de la poésie mi-savante, mi-rustique, dans un paysage ligérien où volent hérons, martinets et papillons.
Thoinet (Jean Antoine de Baïf), désespéré par sa Francine poitevine, est invité par Perrot (Ronsard) à effectuer ce périple, car les deux amoureux se rendent à une noce sur une île près de Saint-Cosme. C’est l’occasion pour le poète vendômois d’évoquer des amours simples et fluviales avec la belle Marion dans une nature habitée par les génies des lieux. La mère de Marion emmène sa fille en bateau : Ronsard transforme alors la Loire à la manière d’Ovide dans ses Métamorphoses, imaginant qu’il est devenu le fleuve, ce qui lui permet d’approcher sa belle en songe et de donner au voyage une dimension toute sensuelle.
Marie-Luce Demonet, août 2015.