De la subtilité des farouches comme ilz se plongent dedans l’eau quant l’on tire de l’artillerie et comme ilz sont difficiles a prendre. Chapitre. XI.

On dict communement que a quelque chose est malheur bon mais je l’apperceu a ceste heure la, car bien me print que mes gens n’avoient point d’aureilles et qu’ilz estoient tous

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de nouveau tondus par quoy ilz ne les scavoient par ou prendre pour les jecter en la mer, sur laquelle iceulx farouches nouent comme canartz et se plongent dedans quant on les pense tuer de traict ou de artilerie a feu, au moyen de quoy noz serpentines, canons, bombardes, et hacquebouses ne nous servoient de rien, car voyant que toute la mer estoit toute couverte d’iceulx farouches qui estoient ainsi animez et acerez contre nous.

Je me retournay vers dieu qui n’oublie jamais ses amys et bons serviteurs au besoing, et lors me inspira et advertit d’ung remede singulier pour evader hors des mains et des dens d’iceulx farouches, car a lors que nous n’en povions plus et que nous estions las de nous combatre contre eulx, je me advisay moyennant l’inspiration divine que les chauldieres, potz de cuivre, et marmites de noz cuisines, estoient au feu tous plains de brouetz et eaues chauldes si commenday a mes gens qu’avec leurs salades et secrettes ilz jectassent lesdictx brouetz et eaues chauldes impetueusement sur eulx, ce qu’ilz feirent par quoy ilz en brulerent et eschaulderent tant et en si grand nombre que ce fut une chose merveilleuse a ceste cause ilz furent contrainctz de soy retirer, et de nous laisser en paix pource qu’ilz n’avoient

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jamais sentu eaue chaulde en la mer.

Par ce moyen nous leurs pelasmes la teste et le dos, en sorte qu’ilz ne nous auserent plus approcher ny suivir.

Ilz ont grandes dens et longz, agues comme alesnes pour prendre les poissons en la mer, desquelz ilz vivent et mangent a la moustarde comme nous faisons les andouilles ou le beuf sale quant ilz sont en leurs cavernes et maisons, au fons de la mer, laquelle est la endroict plus de troys cens toises de profont, s’ilz nous eussent prins et vaincus, je croy qu’ilz nous eussent menez prisonniers en leurs cavernes au fons de la mer qui nous eust este fort estrange pource que nous n’avons point acoustume ny aprins a boyre eaue salee, toutesfoys graces a Dieu, et au moyen de nostre vailance qui n’est pas petite, nous eschappasmes, et esperans tousjours trouver quelque bonne fortune ce que nous fismes, puis apres comme vous orres.

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