Publié le 16/10/2015 Mise à jour le

Festival « Les Nourritures Elémentaires »

Festival dédié à Rabelais, au vin de Chinon et aux idées, du 5 au 8 novembre 2015 à Chinon

Chinon renoue avec la figure tutélaire de Rabelais et invente un festival unique, résolument utopique bâti sur l’idée que « goûter » et « savoir » sont la même chose puisqu’ils se marient en la racine latine commune de « sapere ». Si la soif est une allégorie à l’inextinguible envie d’apprendre dans l’œuvre de Rabelais, le festival « Les Nourritures Elémentaires » a bien l’intention de passer à la pratique en faisant résonner les mots et la pensée, le vin de l’AOC et les plaisirs du chinonais.

L’image traditionnellement donnée de Rabelais dans la région est celle d’un bon vivant maniant la satire et le grotesque, personnage trouvant la vérité dans la nourriture et le bon vin. Mais au delà du côté convivial et festif, l’œuvre de Rabelais a soulevé des questions essentielles dans cette renaissance naissante, théâtre des querelles religieuses, des aspirations humanistes, des débats d’idées, des avancées de la médecine, de la conquête du nouveau monde. Que sont devenues ces questions aujourd’hui ?

Ce rendez-vous se propose de faire résonner les mots et la pensée de Rabelais à travers ses différents cadres de vie que sont : la ville de Chinon, La Devinière, les Caves Painctes, afin de mieux connaître celui dont on parle beaucoup mais que l’on connaît finalement peu. Cette remise en perspective pourra alors servir de base à une interrogation plus large sur des thèmes qui font partie de l’œuvre de Rabelais et ouvrir des discussions sur nos interrogations contemporaines.

Différents temps ponctués par des dégustations de vins de Chinon seront proposés au public curieux de découvrir ou redécouvrir Rabelais. Ces temps pourront nous éclairer plus en finesse sur l’auteur et nous permettre de voir s’il peut nous parler encore aujourd’hui.
Au programme : des conférences, des lectures dégustations, une table ronde ainsi qu’un dîner spectacle.

Il s’agit de redonner la parole à Rabelais et de réactiver au sens propre l’oracle de la dive bouteille : « Le vin oui, mais pour y puiser une vérité, un savoir. »

Le thème choisi pour cette première édition de 2015 est « la nourriture ».

 

Conférence de Marie-Luce Demonet,
Samedi 7 novembre à 15h00, salle Olivier Debré, Hôtel de ville, Chinon (30 min)

Résumé intervention : Les lecteurs de Rabelais peuvent éprouver des sensations éveillées et nourries par la littérature. Le roman fait goûter ces aliments psychotropes que sont le vin et le pantagruélion, qui, consommés en bonne compagnie, « réjouissent les esprits animaux » à la manière d’un bon livre.

Professeur de littérature française de la Renaissance, Université François-Rabelais de Tours. Spécialiste des rapports entre littératures, langues et théories du signe à la Renaissance (Les Voix du signe, 1992), entre sensation et signification, Marie-Luce Demonet est membre senior de l’Institut Universitaire de France. Elle a enseigné dans les universités de Provence, à Clermont-Ferrand, Poitiers et Tours (depuis 2001), ou elle a dirigé le CESR (2003-2011). Elle a publié une trentaine d’articles sur Rabelais, organisé et édité en collaboration trois actes de colloque (Les Grands Jours de Rabelais en Poitou, 2006 ; Rabelais et la question du sens, Cerisy, 2011 ; ‘Un joyeux quart de sentences’, études sur le Quart Livre, 2012), et elle poursuit l’édition numérique des romans rabelaisiens, dans leur version originale, sur les sites des Bibliothèques Virtuelles Humanistes (http://www.bvh.univ-tours.fr) et ReNom (http://renom.univ-tours.fr).

 

Du vin de la farce à la bouteille de perplexité
Conférence de Stéphan Geonget,
Dimanche 8 novembre à 11h00, salle Olivier Debré, Hôtel de ville, Chinon (30 min)

Résumé intervention : Il s'agira lors de cette intervention d'examiner l'incroyable diversité des emplois d'une même image dans l'œuvre rabelaisienne. La Bouteille est en effet partout dans ce texte. Mais elle dit des choses bien différentes selon les passages étudiés : vin carnavalesque pour les ivrognes mais aussi vin de messe, vin pour rire mais aussi vin sérieux, vin qui enivre mais aussi vin qui permet au perplexe de clarifier ses intentions. C'est à la recherche de ces sens que nous souhaitons nous lancer sans qu'il soit pourtant certain qu'on puisse jamais identifier un /altior sensus/, un "plus haut sens". Nous le ferons en embarquant sur la Thalamège, le vaisseau amiral qui, dans le Tiers Livre, porte à sa poupe l'emblème de la Bouteille.

Stéphan Geonget est maître de conférences à l'Université de Tours. Ancien élève de l'ENS Fontenay / Saint-Cloud, agrégé de Lettres modernes et membre junior de l'IUF il a écrit ou dirigé une douzaine d'ouvrages qui portent sur la Renaissance française. Il a notamment consacré une grande partie de sa thèse, /La notion de perplexité à la Renaissance/ à Rabelais. Ses travaux actuels portent sur les relations entre littérature et droit à la Renaissance.